1) MINIPOGON in Beograd

Artikel über die Belgrader Plastikrecycling-Kooperative MINIPOGON in der Straßenzeitung AUGUSTIN Nr. 475, Jänner 2019

 

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2) LE CARILLON in Marseille

Artikel über die französische Initiative Le Carillon in der Straßenzeitung AUGUSTIN Nr. 490, September 2019

 

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traduction française:

 

Les SDF actifs de Marseille

L’initiative Le Carillon tente de renforcer le lien social à travers un réseau de commerces solidaires. Natalie Deewan (texte et photos) a rendu visite aux ambassadeurs de l’inclusion de Marseille.

Sébil va bientôt avoir 30 ans et a passé 16 ans de sa vie dans la rue ou en prison. Mais aujourd’hui, il sillonne les rues de Marseille en tant qu’ambassadeur du Carillon pour expliquer le système aux gens qui, comme lui-même, vivent dans la rue. Dès 2017, ce réseau d’environ 140 commerces solidaires à Marseille affiche la bienvenue à l’aide d’autocollants sur la porte d’entrée. De petits symboles additifs signalent la gamme des services proposés, tels que charger le téléphone, utiliser le four à micro-ondes ou bien les toilettes, changer la petite monnaie en billets, déposer des bagages, ... etc. En outre, un cinquième des commerces membres offre la possibilité aux client/e/s plus solvables de payer par exemple un repas à tarif réduit (soit 5 € au lieu de 14 €) qui sera mis en attente et servi plus tard à une personne dans le besoin.

Une sorte de café suspendu avancé, donc: cette tradition napolitaine de ne pas payer seulement son propre café, mais aussi celui d’un inconnu qui n’en a pas les moyens, s’est répandu dans beaucoup de pays ces dernières années. En Allemagne, l’initiative Spendiert! [= offert!] – Suspended coffee Germany regroupe actuellement 325 commerces membres, qui n’offrent pas seulement des produits à base de caféine mais aussi des t-shirts, repas et coupes de cheveux, etc. En Autriche, c’était l’initiative intitulée „Bo(h)nuskaffee“, qui, en 2013, a réussi à faire adhérer plusieurs bars et restaurants à cette idée. (Cf. l’article „Partager et savourer“ de Martin Schenk dans Augustin N° 305.)

À Marseille, une équipe composée d’ambassadeur/e/s, bénévoles, jeunes en service civique et deux salariées se déploie régulièrement sur le terrain pour faire connaitre le système Carillon auprès des partenaires potentiels ainsi que chez la clientèle la plus concernée, récolter le feedback des deux côtés et redistribuer les bons non validés. Durant notre tour d’une heure sur l’avenue du Prado, pas loin des grandes plages, nous rencontrons huit personnes sans-abri. Sébil déborde d’entrain et se trouve donc bombardé de questions, dépassant bien le cadre Carillon: Comment faire pour récupérer le chien, qui vient d’être enlevé par la police? Sébil s’y connait, bien sûr et note le numéro téléphone de ce jeune homme, qui campe avec sa copine au milieu de quelques sacs en plastique et sacs à dos dans un passage. „Mais tu sais, je ne te promets rien, je suis dans la rue comme toi. Quand j’aurai terminé ici, je retournerai là-bas au Monoprix pour faire la manche jusqu’à l’heure de fermeture.“

Là, c’est clair. C’est ça, le fameux „pied d’égalité“; parle ici quelqu’un à qui il ne faut rien expliquer à quelqu’un d’autre qui a déjà tout vu. Peer to peer, expert à expert. Et quand même, on y voit l’essence du Carillon à l’œuvre: le changement de rôle, le changement de regard. La participation au sein du Carillon en tant qu’ambassadeur transforme quelqu’un qui reçoit en quelqu’un qui donne: du bon conseil, de l’aide concrète, des mots encourageants et surtout: un exemple vivant qu’il est possible de reprendre sa vie en main. D’autres aussi parmi la bonne douzaine d’ambassadeur/e/s sans-abri actuellement ou dans le passé sont convaincu/e/s que sans l’ancrage dans le Carillon, ils n’en seraient pas là aujourd’hui.

L’idée remonte à l’année 2015, quand Louis-Xavier Leca a fondé cette initiative du même nom à Paris, permettant en suite à se répandre dans 7 autres villes de France. Le projet a recours à des fonds publics et privés. Ainsi contribuent au financement une chaîne de supermarchés ou bien un hôtel 5 étoiles, dont les salariés reçoivent un cours intensif sur la réalité du Carillon en revanche. À Marseille, c’était Sarah Gorog qui développait le réseau Carillon en prenant appui sur ses expériences dans l’événementiel et la gastronomie et qui dirige actuellement l’association porteuse La Cloche Sud. Cette association a pour vocation de promouvoir l’inclusion sociale d’un nombre croissant de personnes en situation de précarité ou même sans-abri.

Un des programmes, Le Carillon, cherche à tisser des liens de bon voisinage entre les personnes avec et sans domicile à travers un réseau de commerces solidaires et de changer le regard sur soi comme sur les autres. Le but c’est d’encourager les personnes SDF ou en situation précaire de franchir le seuil de la „vie des autres“, munies d’un bon sésame-ouvre-toi et de déguster par exemple un repas copieux dans un restaurant partenaire avant de passer chez Mademoiselle Cupcake. „Paradisiaque!“ s’exclame une régulière de chez Mikala, un restaurant végétarien au très branché Cours Julien, où on fait connaissance en plein repas de midi. Puis elle nous lorgne avec attention, moi et Mat, mon interlocuteur du Carillon, et lui pose finalement droit au but la question qui l’intriguait: „Dis donc, tu paies maintenant de ton propre argent ou avec un bon?“ À cette question peu discrète, Mat ne répond qu’en souriant.

„Qu’est-ce que c’est que cette société, où il est devenu nécessaire de produire de tels autocollants pour des choses normales!“ s’extasie Souleimane Sy, patron du bar Le Champ de Mars, un des premiers Carillonneurs, comme sont surnommés les membres du réseau. „Chez moi, les gens ont toujours eu droit à un verre d’eau ou pouvaient aller aux toilettes, mais je demande aussi un certain respect.“ Comme en guise d’illustration, un homme entre et se dirige tout droit vers les toilettes. „Bonjour, monsieur!“ lui lance Sy, lui rappellant ainsi le b.a.-ba de la politesse et récolte effectivement un „Est-ce que je pourrais utiliser vos toilettes, svp?“ en réaction.

En effet, les toilettes représentent une chose à part à Marseille. Mat, ambassadeur de la première heure du Carillon, m’explique qu’avant la publication des premiers livrets du Carillon, Marseille disposait d’une totalité de deux toilettes publiques. „Avec le Carillon, il y en avait tout d’un coup 40 de plus ...“ ricane Mat qui, d’origine polonaise, a fini par atterrir en France il y a 25 ans. À l’époque, il était un des premiers vendeurs du journal de rue Macadam. „Beaucoup de gens veulent aider, mais ne savent pas comment faire. Le Carillon essaie de montrer que chacun/e peut faire quelque chose – chacun pour tous.“ Un sondage effectué l’année dernière, estime à 1000 les services rendus par mois à 200 bénéficiaires environ. Soit 1000 gouttes d’eau sur une pierre brûlante, mais les faiseurs de pluie du Carillon continuent à œuvrer pour submerger la pierre dans l’eau et de se rendre un jour superflus.

 

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Sébil du réseau du Carillon rencontre Tony dans l’avenue du Prado à Marseille lors d’un tour de sensibilation. Tous les deux vivent dans la rue.

 

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Le sticker du Carillon „chacun pour tous“ signale que tout le monde est bienvenu. Les pictogrammes en-dessous spécificient les services offerts.